L’inflation en Norvège est à un niveau record. Norges Bank est apparemment délirant. Les conseils des universitaires norvégiens sur l’inflation ne sont pas utiles.

Kjetil Storesletten a récemment demandé à la Norges Bank d’augmenter considérablement le taux d’intérêt à environ 5 %. Son principal argument est que la banque centrale doit relever les taux d’intérêt maintenant et signaler les augmentations futures des taux d’intérêt pour ancrer les anticipations d’inflation à long terme des ménages et des entreprises.

C’est un argument populaire parmi les universitaires qui permet d’écrire des centaines d’articles scientifiques. Mais si cet argument était vrai, les anticipations d’inflation à long terme devraient déjà être hors de contrôle. Les données montrent qu’ils ne le sont pas.


Marcus Hagedorn

Marcus Hagedorn

Storesletten néglige également le fait que la politique financière norvégienne impose des restrictions assez importantes au secteur privé. Une telle politique budgétaire restrictive freine la demande et l’inflation sans autres mesures de la banque centrale. Mais cet effet modérateur ne fait pas partie du modèle théorique de Storesletten et n’affecte donc pas ses conseils politiques.

En pratique, cependant, il n’est pas judicieux de demander à la banque centrale d’être belliciste si le gouvernement essaie de réduire l’inflation par la politique budgétaire. Même si une telle politique budgétaire doit apparaître comme une mauvaise idée, la Norges Bank doit en tenir compte et se comporter comme une colombe.

En revanche, Martin B. Holm et Magne Mogstad semblent douter que la politique budgétaire ait un impact significatif sur l’inflation. Mais leur argument n’est pas bien pensé. Les recherches empiriques et théoriques montrent que la politique budgétaire est très efficace et plus efficace que la politique monétaire pour freiner la demande.

Dans un article récent de DN, Holm semble en être conscient, mais oublie ensuite qu’une demande plus faible signifie une inflation plus faible. Dans la pratique, cependant, les politiciens sont pleinement conscients de ce que la politique budgétaire peut accomplir et ont utilisé des instruments de politique budgétaire pendant la crise financière pour prévenir la déflation.

Si Holm et Mogstad ont raison, la politique monétaire sera également inefficace lorsqu’il s’agira de réduire l’inflation. Alors la proposition de Storesletten d’augmenter le taux d’intérêt sera certainement nuisible. Si l’on suit leur argumentation jusqu’au bout, la conclusion est que ni la politique monétaire ni la politique budgétaire n’ont un effet particulièrement important sur l’inflation. Une conclusion surprenante !

Leur théorie n’explique pas non plus pourquoi nous avons actuellement une inflation élevée, et elle exagère le coût de l’inflation et donc la nécessité de réduire l’inflation. Les recommandations politiques ne devraient pas être fondées sur une telle théorie.

Knut Anton Mork aime à affirmer, en se référant à la courbe de Phillips, que l’économie est en surchauffe, qu’il y a trop de demande de main-d’œuvre et qu’un chômage plus élevé est nécessaire pour faire baisser l’inflation. L’argument date des années 1970 et figure dans tous les manuels. Mais il semble clair que la forte inflation que nous connaissons aujourd’hui est en grande partie importée et non due à une économie en surchauffe.

Mork et Storesletten semblent s’intéresser au fonctionnement du modèle de première ligne, ou modèle Balassa-Samuelson, modèle similaire, plus internationalement connu. Le modèle de première ligne et le modèle Balassa-Samuelson indiquent que l’inflation importée affecte les prix intérieurs et donc les salaires.

Mais il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Ce n’est pas le signe d’une spirale salaires-prix. Il s’agit plutôt d’un ajustement effectif des prix relatifs et non d’une indication de l’inflation sur un large front. La baisse de la part des salaires indique même que les salaires peuvent augmenter davantage sans provoquer de hausse de l’inflation.

On ne sait toujours pas ce qui préoccupe Mork et Storesletten et ce qu’ils recommandent. Que la banque centrale réglemente et fausse les prix relatifs ? Ce n’est pas une bonne idée.

Storesletten semble convenir que l’inflation est largement importée et que la capacité de la Norges Bank à contrôler l’inflation est limitée. On ne sait donc pas pourquoi Storesletten estime néanmoins que les attentes doivent être ancrées en procédant à d’importantes hausses des taux d’intérêt.

Cependant, Storesletten a raison de dire que des hausses de taux d’intérêt pourraient être nécessaires pour empêcher un nouvel affaiblissement de la couronne norvégienne, car un tel affaiblissement conduirait à davantage d’inflation importée.

La meilleure chose aurait bien sûr été si la Norges Bank avait eu une stratégie appropriée basée sur la recherche théorique et empirique moderne et adaptée aux besoins concrets de la Norvège et n’avait pas eu à s’appuyer sur l’intuition de Wolden Bache.

Mais l’intuition du gouverneur de la banque centrale est néanmoins, même si elle est notoirement mal fondée, préférable à l’avis des universitaires. Mais d’un autre côté, la Norvège est riche et n’a pas besoin d’une bonne politique économique. Nous aurons toujours des revenus pétroliers et gaziers. Ou attendre…

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