Les experts du Conseil de l’Europe sur la traite des êtres humains ont demandé à la Norvège de mieux prendre en charge les demandeurs d’asile et craignent que les restrictions d’asile imposées par la Norvège ne frappent les victimes de la traite.

Le rapport de mercredi du Groupe d’experts du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains (GRETA) a déclaré que les autorités norvégiennes doivent faire davantage pour empêcher les demandeurs d’asile de disparaître des centres d’accueil pour demandeurs d’asile.

Selon les chiffres de la Direction de l’immigration (UDI), 182 demandeurs d’asile ont disparu des centres d’accueil pour enfants l’année dernière. NRK news a rapporté en mai que jusqu’à présent en 2017, 143 enfants avaient disparu. La crainte est que les enfants soient très vulnérables à l’exploitation à des fins de prostitution, à diverses formes de criminalité et au trafic de drogue.

« Les autorités doivent fournir des instructions claires sur qui a la responsabilité principale de retrouver les enfants, et notifier toutes les autorités compétentes pour s’assurer que les enfants sont retrouvés et protégés », indique le rapport.

Protection de l’enfance ou UDI ?

Le groupe d’experts du Conseil de l’Europe critique le fait que les enfants d’asile âgés de 15 à 18 ans vivent dans des centres d’accueil gérés par la Direction de l’immigration (UDI), tandis que les moins de 15 ans sont pris en charge par le service de protection de l’enfance. Ils se réfèrent à un rapport de l’Institut norvégien de recherche urbaine et régionale (NIBR), qui montre que dix fois plus d’enfants disparaissent des centres d’accueil pour mineurs de l’UDI que des centres d’accueil pour les plus jeunes.

Les experts se réfèrent également à un rapport de Redd Barna, où les enfants disent qu’il est difficile de convaincre le personnel de l’UDI et la police qu’ils sont victimes de la traite des êtres humains et que les autorités ne sont pas disposées à mener des enquêtes à l’étranger.

« Les autorités doivent veiller à ce que toutes les victimes de la traite âgées de 15 à 17 ans soient prises en charge par l’organisation de protection de l’enfance, qui doit recevoir les ressources et la formation nécessaires », indique le rapport du GRETA.

Délai de recours réduit et regroupement familial

Les experts craignent que les victimes de la traite des êtres humains ne soient affectées par les restrictions d’asile adoptées par le parlement l’année dernière.

Un amendement législatif a permis de refuser l’accès des demandeurs d’asile au pays si l’afflux était important. Parallèlement, il a été décidé de réduire le délai de recours de trois semaines à une semaine pour les demandes d’asile jugées « manifestement infondées », et les règles du regroupement familial ont été durcies.

« Le GRETA craint que les nouvelles règles limitent la possibilité d’identifier les victimes de la traite parmi les demandeurs d’asile.

Appels à des routines

Il s’agit du deuxième rapport rédigé par le groupe d’experts sur les conditions en Norvège. Dans le rapport de 2013, la Norvège a été invitée à rédiger des procédures pour toutes les agences susceptibles d’être en contact avec des victimes de la traite des êtres humains et à adopter de meilleurs moyens d’identifier les victimes parmi les demandeurs d’asile et les immigrés.

Jusqu’à présent, de telles routines ne sont pas en place, mentionne-t-il dans le récent rapport.

Dans le rapport, la Norvège est félicitée pour avoir augmenté les peines pour la traite des êtres humains et que les cinq plus grands districts de police ont mis en place des unités de lutte contre la traite.

Il est également souligné que la Norvège utilise les foyers pour enfants pour entendre les histoires des enfants victimes et que les hommes victimes ont désormais reçu une offre d’aide par l’intermédiaire de l’Armée du Salut.

Source : NTB scanpix / Norway.mw