Le prix Nobel de la paix est décerné à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires, ICAN

La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN) reçoit le prix Nobel de la paix 2017.

ICAN reçoit le prix de la paix pour les efforts visant à attirer l’attention sur les conséquences catastrophiques de toute utilisation d’armes nucléaires et pour le travail visant à mettre en place une interdiction des armes nucléaires.

Le raisonnement du Comité Nobel

Le Comité Nobel norvégien a décidé d’attribuer le prix Nobel de la paix 2017 à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN). L’organisation reçoit le prix pour son travail visant à attirer l’attention sur les conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d’armes nucléaires et pour ses efforts novateurs visant à parvenir à une interdiction conventionnelle de ces armes.

Nous vivons dans un monde où le risque d’utilisation d’armes nucléaires est plus grand qu’il ne l’a été depuis longtemps. Certains États modernisent leurs arsenaux nucléaires et il existe un réel danger que davantage de pays tentent de se procurer des armes nucléaires, comme en témoigne la Corée du Nord. Les armes nucléaires constituent une menace constante pour l’humanité et toute vie sur terre. Par le biais d’accords internationaux contraignants, la communauté internationale a déjà adopté des interdictions contre les mines terrestres, les armes à sous-munitions et les armes biologiques et chimiques. Les armes nucléaires sont encore plus destructrices, mais n’ont pas encore fait l’objet d’une interdiction juridique internationale similaire.

Par son travail, l’ICAN a contribué à combler ce vide juridique. Un argument important dans la justification de l’interdiction des armes nucléaires est la souffrance humaine inacceptable qu’une guerre nucléaire provoquera. ICAN est une coalition d’organisations non gouvernementales d’environ 100 pays différents à travers le monde. La coalition a été une force motrice pour convaincre les nations du monde de s’engager à coopérer avec toutes les parties prenantes concernées dans les efforts visant à stigmatiser, interdire et éliminer les armes nucléaires. À ce jour, 108 États ont pris un tel engagement, connu sous le nom d’Engagement humanitaire.

En outre, l’ICAN a été le principal acteur de la société civile dans les efforts visant à obtenir une interdiction des armes nucléaires en vertu du droit international. Le 7 juillet 2017, 122 des États membres de l’ONU ont adhéré au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Dès que le traité aura été ratifié par 50 États, l’interdiction des armes nucléaires entrera en vigueur et sera contraignante en vertu du droit international pour tous les pays parties au traité.

Le Comité Nobel norvégien est conscient qu’une interdiction légale internationale n’éliminera pas en soi une seule arme nucléaire et que jusqu’à présent, ni les États qui possèdent déjà des armes nucléaires ni leurs alliés les plus proches ne soutiennent le traité d’interdiction des armes nucléaires. Le Comité souhaite souligner que les prochaines étapes vers un monde exempt d’armes nucléaires doivent impliquer les États dotés d’armes nucléaires. Le Prix de la paix de cette année est donc aussi un appel à ces États pour qu’ils engagent des négociations sérieuses en vue de l’élimination progressive, équilibrée et soigneusement contrôlée des près de 15 000 armes nucléaires dans le monde. Cinq des États actuellement dotés d’armes nucléaires – les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine – se sont déjà engagés sur cet objectif en adhérant au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1970. La non-prolifération Le Traité restera le principal instrument juridique international pour promouvoir le désarmement nucléaire et empêcher la propagation de ces armes.

Cela fait maintenant 71 ans que l’Assemblée générale des Nations Unies, dans sa toute première résolution, a préconisé l’importance du désarmement nucléaire et d’un monde exempt d’armes nucléaires. Avec le prix de cette année, le Comité Nobel norvégien souhaite rendre hommage à l’ICAN pour avoir donné un nouvel élan aux efforts visant à atteindre cet objectif.

La décision d’attribuer le prix Nobel de la paix 2017 à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires est solidement ancrée dans la volonté d’Alfred Nobel. Le testament précise trois critères différents pour l’attribution du Prix de la Paix : la promotion de la fraternité entre les nations, la promotion du désarmement et de la maîtrise des armements et la tenue et la promotion de congrès de la paix. ICAN travaille vigoureusement pour parvenir au désarmement nucléaire. L’ICAN et une majorité d’États membres de l’ONU ont contribué à la fraternité entre les nations en soutenant l’Engagement humanitaire. Et grâce à son soutien inspirant et innovant aux négociations de l’ONU sur un traité interdisant les armes nucléaires, l’ICAN a joué un rôle majeur dans la réalisation de ce qui, de nos jours, équivaut à un congrès international de la paix.

C’est la ferme conviction du Comité Nobel norvégien que l’ICAN, plus que quiconque, a donné au cours de l’année écoulée aux efforts visant à réaliser un monde sans armes nucléaires une nouvelle direction et une nouvelle vigueur.

Faits sur l’ICAN

  • Coalition de 468 ONG de 101 pays. 25 organisations norvégiennes sont membres
  • Fondée en Australie en 2007, a son siège à Genève en Suisse
  • uvrer pour que tous les pays adhèrent à la résolution de l’ONU interdisant les armes nucléaires
  • La résolution a été adoptée le 7 juillet 2017 avec 122 voix.
  • Les cinq puissances atomiques du monde – les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et la Chine ont voté contre, ainsi que les pays de l’OTAN, à l’exception des Pays-Bas.
  • De nombreuses personnalités soutiennent l’ICAN, dont l’ancien prix Nobel
  • gagnants Desmond Tutu et Dalaï Lama.

Faits sur Beatrice Fihn

  • Est le directeur général de l’ICAN (Campagne internationale contre les armes nucléaires)
  • De la Suède
  • Titulaire d’une maîtrise en droit international de l’UCL à Londres
  • A travaillé pendant des années sur les questions de désarmement et d’égalité des sexes, a pris la tête de l’ICAN en 2014

© NTB Norway.mw / La Norvège aujourd’hui