Le 22 novembre de cette année, la Cour européenne de justice a conclu que la directive, qui oblige les États membres à établir un registre ouvert des titulaires de droits réels dans la lutte contre le blanchiment d’argent, ne protège pas suffisamment la vie privée. Cette disposition de la directive sur le blanchiment de capitaux a donc été déclarée invalide.

Le verdict est un sérieux revers pour le travail de l’UE sur la transparence des bénéficiaires effectifs.

Les registres des titulaires de droits réels ont souvent été désignés comme le moyen le plus important que les autorités puissent utiliser dans la lutte contre la propriété cachée, l’évasion fiscale, la corruption et le blanchiment d’argent. La nécessité de cela a été récemment démontrée dans la récente enquête de DN sur l’étendue des propriétaires de biens immobiliers norvégiens dans les paradis fiscaux.

Il se prépare maintenant à une bataille pour d’importants principes de transparence en Europe dans les temps à venir. Dans l’UE, des pourparlers sur une nouvelle (sixième) directive sur le blanchiment d’argent sont déjà en cours, et la Commission et le Parlement européen ont signalé une éventuelle révision de la directive afin d’assurer la plus grande transparence possible et l’accès aux informations sur la propriété dans les limites des possibilités offertes par la jugement.

D’un autre côté, les cabinets d’avocats au nom d’intérêts puissants utiliseront le verdict pour limiter la visibilité sur l’identité des propriétaires réels des entreprises.

Ce match aura également lieu en Norvège. L’avocat Stephan L. Jervell du cabinet d’avocats Wiersholm, déclare dans un article paru dans DN le 29 novembre que le jugement est « une victoire pour tous les propriétaires et investisseurs légitimes derrière les entreprises et les fonds qui ne veulent pas que leur propriété soit publique ». La citation cache le fait que la victoire est au moins aussi grande pour les propriétaires illégitimes derrière les entreprises.

Lors d’une conférence sur la transparence à Bruxelles cette semaine, le verdict a été qualifié de meilleur cadeau de Noël que le crime organisé puisse souhaiter.

Le jugement est problématique pour plusieurs raisons :

  • Selon nous, il n’est pas évident que l’enregistrement de données personnelles liées à la propriété d’entreprises constitue une intrusion grave dans la vie privée. Être le propriétaire majoritaire d’une entreprise n’est pas fondamentalement une question de vie privée.
  • Un accès plus difficile aux informations sur les propriétaires de nos centrales électriques, pépinières et services d’ambulance aérienne rend plus difficile l’exercice d’un contrôle public. Moins il y a de personnes qui y ont accès, moins il y a de pourboires aux autorités et aux médias sur des sujets qui méritent un débat public. Il existe de nombreux exemples où les autorités se saisissent d’affaires en conséquence directe de la couverture médiatique. C’était également un point important de la commission des finances du Storting lorsqu’elle s’est penchée sur la loi sur le registre : « La plus grande transparence possible sur la propriété aide à protéger le système économique qui a été construit en Norvège, et ainsi à sauvegarder une démocratie qui fonctionne « .

En tout état de cause, l’arrêt ne devrait pas avoir de conséquences pour l’achèvement d’un registre norvégien des titulaires de droits réels, qui a récemment obtenu un financement dans le cadre de l’accord budgétaire entre SV et le gouvernement. L’arrêt de l’UE ne change rien au fait que tous les pays sont tenus de mettre en place de tels registres. Mais le jugement peut imposer des restrictions sur qui peut accéder à l’information.

À la suite de l’arrêt, plusieurs pays de l’UE tels que le Luxembourg ont temporairement restreint l’accès à leurs registres au grand public, afin d’évaluer comment ils réglementeront l’accès à leurs registres conformément à l’arrêt.

Cependant, un certain nombre de pays de l’UE ont insisté pour que les registres soient accessibles au public. La Lettonie, qui dans sa législation fait référence à des préoccupations sociétales plus larges que la lutte contre la criminalité et l’antiterrorisme, a maintenu son registre ouvert, tout comme le Danemark.

La Norvège a adopté la loi pour établir un tel registre en 2019. Il s’agissait alors d’une condition préalable claire pour que le grand public y ait accès à tout moment. La contribution de la société par le biais des organisations et des médias, ainsi que des dénonciateurs et du public, a été soulignée comme particulièrement importante dans une démocratie qui fonctionne bien. Cela reste fondamentalement important.

Comme ces pays, la Norvège ne devrait pas tenir pour acquis que la bataille pour des registres véritablement ouverts a été perdue.

Le jugement peut imposer des restrictions sur qui peut accéder à l’information


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