La paix et la sécurité sont comme le soleil et la pluie.Elles sont considérées comme allant de soi, mais personne ne peut s’en passer. Pour l’humanité, la paix est en effet un luxe. Il y a à peine deux générations, la Seconde Guerre mondiale a causé d’immenses souffrances humaines. Pour les pays asiatiques, 50 ans à peine se sont écoulés depuis que la poussière de poudre s’est déposée sur la péninsule indochinoise. Dans certaines parties du Moyen-Orient, le conflit persiste encore aujourd’hui. Ici, en Europe, le conflit est une réalité actuelle.

"Au-delà de la sécurité - Le point de vue de la Chine sur la sécurité" par l'ambassadeur de Chine en Norvège Hou Yue - 5

Pourquoi le monde n’a-t-il pas échappé à la malédiction de la confrontation ? Pourquoi l’ombre de la guerre ne s’est-elle pas dissipée après la brutalité de la Seconde Guerre mondiale ? Comment parvenir à une paix durable ? Telles sont les questions auxquelles nous devrions tous réfléchir.

Depuis sa fondation, la République populaire de Chine n’a jamais déclenché de guerre ni envahi un autre pays. Le développement pacifique est inscrit dans notre constitution, et nous sommes le seul pays qui s’est engagé à appliquer la politique du « non-recours en premier » parmi les cinq pays dotés d’armes nucléaires. La Chine a apporté sa réponse en faveur de la paix. Dans le même temps, nous avons observé trois facteurs qui conduisent à l’insécurité dans le monde :

Premièrement, les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies n’ont pas été respectés. Les confrontations et l’injustice dans le monde d’aujourd’hui ne signifient pas que ces objectifs et principes sont dépassés, mais plutôt qu’ils n’ont pas été pleinement mis en pratique.

Deuxièmement, la mentalité hégémonique a fait obstacle à l’égalité de traitement de tous les pays. Tous les pays ont les mêmes intérêts en matière de sécurité et leurs préoccupations légitimes et raisonnables doivent être prises au sérieux et traitées de manière appropriée. Aucun pays ne devrait être autorisé à pratiquer l’exceptionnalisme ou le double standard. La sécurité d’un pays ne doit pas être défendue au détriment de celle des autres pays.

Enfin, le problème sous-jacent du manque de développement n’a pas été résolu. L’histoire et la réalité ont prouvé que plus la vie des gens est heureuse et plus l’économie et la société d’un pays sont développées, moins il y a de possibilités de confrontation. Les pays en développement représentent 80 % de la population mondiale et leurs habitants méritent également le droit à une vie meilleure.

Dans ce contexte, le président chinois Xi Jinping a solennellement proposé une initiative de sécurité globale, avec une vision chinoise de sécurité commune, globale, coopérative et durable. Cette initiative comporte trois aspects importants :

1. Nous devons rester engagés à respecter les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies, ainsi que la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays. Les grands pays doivent montrer la voie afin que l’hégémonie n’ait pas d’endroit où se cacher.

2. Nous devons rester déterminés à prendre au sérieux les préoccupations légitimes de tous les pays en matière de sécurité. Les divergences et les différends doivent être résolus par le dialogue et la consultation. Plus vite nous comprendrons le soutien mutuel et la coopération gagnant-gagnant et nous nous opposerons au jeu à somme nulle, plus vite nous parviendrons à une sécurité commune.

3. Nous devons renforcer le système et la capacité de gouvernance de la sécurité mondiale, améliorer les conditions de vie des populations et stimuler la croissance économique afin d’éliminer les causes profondes de la guerre. La pratique de la Chine a prouvé que le développement pacifique est tout à fait possible et qu’il a été couronné de succès. Les pays en développement ont des bases fragiles et ont besoin d’un soutien accru de la part de la communauté internationale. La Norvège a joué un rôle important à cet égard.

La crise ukrainienne est une tragédie qui aurait pu être évitée. C’est une leçon douloureuse qu’elle ait évolué jusqu’à la situation d’aujourd’hui. Cette crise a lieu en Europe, mais a des conséquences pour le monde entier. Elle ne devrait donc pas se poursuivre indéfiniment. Dans la position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne, nous avons avancé douze propositions, dont le respect de la souveraineté de tous les pays, la cessation des hostilités, l’opposition à l’utilisation d’armes nucléaires, la résolution de la crise humanitaire et la promotion de la reconstruction post-conflit. La position centrale est de promouvoir les pourparlers de paix.La crise ukrainienne est entrée dans une phase décisive, et la position de la Chine a été cohérente et claire : nous préférons la paix à la guerre, le dialogue aux sanctions, et le refroidissement de la situation à l’attisement des flammes. Le calme et la rationalité sont nécessaires pour entamer le processus de négociations de paix dès que possible et promouvoir le respect des préoccupations légitimes de toutes les parties en matière de sécurité. C’est la bonne voie à suivre pour parvenir à une paix et une stabilité durables en Europe.

La Chine et la Norvège sont toutes deux des nations pacifiques. Lorsque nos deux pays renforceront leur coopération, la possibilité d’une confrontation entre blocs diminuera. Si nous choisissons l’ouverture et le gagnant-gagnant, plus grand sera l’espoir de développement et de prospérité. Pour construire un monde plus sûr, nous avons un devoir inébranlable. Nous devons regarder au-delà du brouillard des conflits et des guerres, et laisser le dialogue et la négociation nous guider vers la paix. Il est grand temps d’abandonner le mythe dangereux de la sécurité absolue et de laisser le respect et la confiance mutuelle ouvrir la voie à une stabilité durable.