Dans DN 30 novembre, Erik Solheim raconte dans l’article « Un regard sur l’âme de Poutine » les leçons tirées du solide livre de Philip Short « Putine ». Il prend Short pour rendre compte de son propre point de vue, à savoir que « les sanctions économiques contre la Russie ne fonctionneront pas ». C’est une déformation des réflexions de Short sur les sanctions, qui sont nuancées et aboutissent à la conclusion inverse de celle que lui prête Solheim.

D’une part, Short qualifie les sanctions à la suite de l’annexion de la Krym de « timides » et il souligne que si l’Occident avait espéré que les sanctions après l’invasion de février retourneraient (à court terme) les Russes contre le régime, ils ont été déçus. Mais que dit Short sur la perspective que les sanctions puissent contribuer à des changements sur une plus longue période de temps ?

A la fin du livre (p. 670 dans la version anglaise), Short déclare catégoriquement que « … les Russes ne veulent pas de bouleversements tectoniques. Mais si le conflit se prolonge et que les sanctions occidentales s’intensifient, l’attitude des Russes pourrait changer. »

Les conclusions de Short ici sont bien pensées : il souligne que la somme d’une guerre exigeante et de sanctions économiques peut conduire à des changements, mais que cela ne peut se produire que sur une longue période de temps.

Cette conclusion signifie également que les sanctions ne sont pas une stratégie alternative aux négociations, comme le laisse entendre Solheim. Au contraire, les sanctions, ainsi que les coûts financiers et humains de la guerre elle-même, sont des conditions qui peuvent en somme créer une base pour des négociations dans lesquelles Poutine doit faire face à la réalité. Jusqu’à ce que cela se produise, il sera très difficile de parvenir à des négociations significatives.

Le jeu continu de Poutine dans lequel il donne parfois l’impression qu’il veut des négociations n’est pas parce qu’il est prêt pour de vraies négociations, mais parce qu’il a besoin d’une trêve pour regrouper ses forces.(Conditions)Copyright Dagens Næringsliv AS et/ou nos fournisseurs. Nous aimerions que vous partagiez nos cas en utilisant des liens, qui mènent directement à nos pages. La copie ou d’autres formes d’utilisation de tout ou partie du contenu ne peuvent avoir lieu qu’avec une autorisation écrite ou dans la mesure permise par la loi. Pour plus de termes voir ici.