La Norvège a fait fortune grâce au pétrole et au gaz naturel extraits du sous-sol de la mer. Aujourd’hui, Oslo pense qu’il existe une nouvelle ressource, peut-être tout aussi précieuse, dans ses profondeurs.

Au cours des dernières années, des géologues ont étudié activement les minéraux des fonds marins sur le plateau continental norvégien. Et les résultats sont édifiants, selon eux.

Au cours d’une expédition à l’été 2018, la Direction norvégienne du pétrole a découvert de fortes concentrations de minéraux précieux tels que le cuivre, le zinc et le cobalt. Les découvertes ont été faites sous les eaux lointaines et très septentrionales de la dorsale volcanique de Mohns, une zone située entre Jan Mayen et l’île aux Ours.

Le gouvernement norvégien a désormais l’intention d’intensifier l’exploration.

Terje Aasland est le ministre norvégien du pétrole et de l’énergie. Photo : regjeringen.no

Dans une annonce faite cette semaine, le ministre norvégien du pétrole et de l’énergie, Terje Aasland, a déclaré qu’un développement commercial des richesses minérales serait facilité.

Dans le même temps, le ministre a présenté au parlement un livre blanc de 80 pages sur la question.

Il ne s’agit pas seulement de générer des profits, mais aussi de se préparer à la transformation verte, a-t-il expliqué.

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« Nous avons besoin des minéraux pour réussir le passage au vert. Aujourd’hui, les ressources sont contrôlées par quelques pays, ce qui nous rend vulnérables », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Si la Norvège parvient à exploiter les ressources, la nouvelle industrie créera de la richesse et des emplois en Norvège, et fournira également des métaux essentiels à la transformation énergétique mondiale, selon le gouvernement norvégien.

L’extraction se fera dans le respect de l’environnement. Et personne ne peut le faire mieux que la Norvège, affirme le ministre Aasland.

« Aucun autre pays ne dispose de meilleures conditions préalables à la gestion durable et raisonnable de ce type de ressources », souligne-t-il, et il assure que les préoccupations environnementales seront prises en compte « tout au long de la chaîne de valeur ».

Le livre blanc du gouvernement présente une stratégie pour l’ouverture des terres et la gestion des ressources. Cette stratégie comprend une liste d’objectifs en 21 points, dont l’ambition d’être « le leader mondial de la gestion des minéraux des fonds marins basée sur les faits et les connaissances ».

Malgré l’accent mis sur la gestion durable et les considérations environnementales, les experts en environnement sont sceptiques à l’égard de ces plans.

L’extraction de minerais sur les fonds marins ne peut se faire sans conséquences dramatiques pour l’environnement marin, soulignent-ils.

La fondation Bellona fait partie des organisations qui mettent en garde contre le projet d’exploitation minière.

Frederic Hauge de la Fondation Bellona. Photo : Thomas Nilsen

« C’est un nouveau coup bas dans la gestion norvégienne de la mer et de l’environnement », déclare Frederic Hauge, dirigeant de Bellona. Il affirme que les plans ne sont pas basés sur les connaissances disponibles et que le gouvernement est « irresponsable et incompréhensible ».

La Fondation Bellona affirme qu’il existe un potentiel important en matière de circularité et d’utilisation des nouvelles technologies et que le gouvernement norvégien prend des décisions prématurées concernant les fonds marins.

Selon Martin Melvær, expert de Bellona, l’exploitation minière des fonds marins pourrait causer « d’énormes dommages à l’environnement ».

« Nous ne connaissons pas les écosystèmes que nous sommes sur le point de commencer à détruire », déclare-t-il dans un commentaire.