Depuis le 7 octobre, Israël retient les recettes fiscales destinées à l’Autorité palestinienne dans le cadre de la guerre brutale menée par Tel-Aviv contre Gaza.

La Norvège déclare qu’elle contribuera à faciliter le transfert des recettes fiscales collectées par Israël et destinées à l’Autorité palestinienne (AP), afin d’éviter l’effondrement financier de l’autorité qui gouverne partiellement la Cisjordanie occupée.

« L’Autorité palestinienne sera en mesure de payer les salaires, ce qui permettra de continuer à fournir des services essentiels à la population palestinienne, de maintenir les écoles ouvertes et de veiller à ce que les travailleurs de la santé soient payés », a déclaré le ministère norvégien des Affaires étrangères dans un communiqué dimanche.

« Ceci est essentiel pour promouvoir la stabilité dans la région et pour que l’Autorité palestinienne ait une légitimité auprès de son peuple », a ajouté le ministère.

Israël perçoit des impôts au nom des Palestiniens et effectue des transferts mensuels à l’Autorité palestinienne en vertu des accords d’Oslo de 1994, mais en novembre, il a gelé les fonds destinés aux Palestiniens de Gaza.

L’AP a été expulsée de la bande de Gaza en 2007, mais elle continue de payer les salaires d’un grand nombre de ses employés du secteur public. Israël affirme que le fonds pourrait tomber entre les mains du Hamas, qui gouverne la bande de Gaza.

Tel-Aviv a toutefois accepté par la suite de transférer les recettes fiscales à l’Autorité palestinienne, en déduisant le montant destiné à Gaza. En réponse, l’Autorité palestinienne a refusé d’accepter un transfert partiel, déclarant qu’elle n’accepterait pas de conditions l’empêchant de payer son personnel. On estime qu’environ 30 % de son budget est dépensé à Gaza.

Israël a lancé une offensive militaire dévastatrice à Gaza à la suite de l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas, qui a fait au moins 1 139 morts en Israël. Environ 240 personnes ont été faites prisonnières, dont plus de 100 ont été libérées dans le cadre d’une brève trêve en novembre.

Alors que la crise économique s’aggrave en Cisjordanie occupée, le cabinet israélien a approuvé en janvier un plan prévoyant que les fonds fiscaux gelés destinés à la bande de Gaza soient conservés par la Norvège au lieu d’être transférés à l’Autorité palestinienne.

Selon la déclaration de dimanche, les responsables palestiniens et israéliens ont convenu que la Norvège servirait d’intermédiaire pour la détention des revenus qu’Israël a jusqu’à présent retenus.

« L’Autorité palestinienne est alors disposée à accepter les autres fonds », a déclaré la Norvège. La part des revenus que la Norvège conserverait est égale à la part estimée par Israël pour Gaza, a déclaré un porte-parole du ministère norvégien des affaires étrangères.

L’accès aux recettes est essentiel à la survie de l’Autorité palestinienne, qui exerce une autonomie limitée en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, occupées par Israël. Il est également essentiel pour la vision d’après-guerre des États-Unis, qui prévoit un rôle pour l’Autorité palestinienne dans l’administration de Gaza.

Bien que la décision permette un certain soulagement économique pour les Palestiniens, l’accord reflète la collusion des États-Unis et de la Norvège avec le gouvernement d’extrême droite d’Israël, a déclaré Mouin Rabbani, co-éditeur du site web Jadaliyya, à Al Jazeera.

« Les États-Unis et la Norvège, tout en se félicitant d’avoir sauvé l’Autorité palestinienne de la faillite, sont désormais des partenaires actifs non seulement d’Israël, mais aussi de son ministère des finances d’extrême droite, et ils permettent à Israël de s’en tirer en ne remplissant pas ses obligations conventionnelles », a déclaré M. Rabbani.

« Il est particulièrement regrettable que la Norvège, au lieu de mobiliser la communauté internationale pour obliger Israël à respecter ses obligations conventionnelles et à transférer simplement la totalité du montant chaque mois à l’Autorité palestinienne, soit prête à jouer ce rôle et à retenir l’argent destiné à l’Autorité palestinienne, qui ne sera distribué qu’avec l’approbation personnelle de (Bezalel) Smotrich », a déclaré M. Rabbani, faisant référence au ministre israélien des finances d’extrême-droite.

La question du transfert d’argent a été une source de friction au sein du gouvernement israélien, certains ministres demandant que les fonds soient distribués afin d’éviter de déstabiliser davantage la Cisjordanie occupée.

Depuis le début de la guerre, la violence a atteint des niveaux sans précédent, les forces israéliennes menant presque quotidiennement des raids et des campagnes d’arrestations massives dans les villes et villages du territoire palestinien.

Les soldats israéliens ont tué au moins 358 Palestiniens depuis le 7 octobre, selon les chiffres de l’ONU. Plus de 6 000 personnes ont été arrêtées selon la Palestinian Prisoner’s Society et la Commission of Detainees and Ex-Detainees Affairs.