La décision du président américain Donald Trump d’inscrire Cuba comme sponsor du terrorisme est déraisonnable et regrettable, estime la ministre des Affaires étrangères Ine Eriksen Søreide (H).

Le secrétaire d’État américain sortant Mike Pompeo a annoncé lundi que Cuba serait à nouveau inscrit sur la liste des pays qui parrainent le terrorisme, aux côtés de l’Iran, de la Syrie et de la Corée du Nord.

Il a également annoncé des sanctions plus strictes.

«Le régime de Castro doit mettre fin à son soutien au terrorisme international», a-t-il dit, faisant référence au soutien de Cuba aux rebelles colombiens.

La ministre norvégienne des Affaires étrangères, Ine Eriksen Søreide, critique cette décision et pense que cette décision constituera un obstacle au développement positif de Cuba.

« Regrettable »

«La décision de l’administration Trump d’inclure Cuba dans la liste des États qui parrainent le terrorisme est regrettable», a-t-elle déclaré au bureau de presse NTB.

Søreide, qui a critiqué plus tôt cette semaine la démarche similaire de l’administration Trump impliquant le mouvement Houthi au Yémen, a réagi en particulier aux raisons avancées par Pompeo pour la décision de Cuba.

«L’une des raisons de l’inscription sur la liste est que la délégation de négociation de paix du mouvement de guérilla colombien ELN est toujours à Cuba», a-t-elle déclaré.

UNE Partenaire norvégien

Des pourparlers de paix entre l’ELN et le gouvernement colombien ont eu lieu à Cuba mais ont échoué en janvier 2019. La délégation de l’ELN n’a pas pu rentrer dans son pays d’origine depuis.

«Cuba a été le partenaire de la Norvège dans les processus de paix en Colombie. Il n’est pas raisonnable que l’administration américaine sortante blâme les Cubains pour que la délégation de négociation ne puisse pas quitter Cuba », a ajouté Søreide.

«Cela peut créer un précédent négatif pour le travail de paix international si un pays risque d’être répertorié comme terroriste (sponsor) à la suite de ce travail», a-t-elle averti.

L’héritage d’Obama

L’ancien président américain Barack Obama a retiré Cuba de la liste américaine des États parrains du terrorisme et a repris ses relations diplomatiques avec le pays en 2015.

Le vice-président de l’époque, Joe Biden, a soutenu sans réserve la décision.

Cependant, la décision a été accueillie avec indignation dans la communauté d’exil cubain fortement anticommuniste en Floride, où le président Donald Trump a de nombreux partisans.

Soutien au Venezuela

Depuis lors, Trump a inversé la politique d’Obama et réintroduit des restrictions strictes sur les vols et le commerce.

Le renversement a été justifié, entre autres, par l’étroite coopération de Cuba avec le régime de Nicolas Maduro au Venezuela.

La décision de Cuba fait partie de la série de mesures de Trump ces derniers jours. Trump doit quitter ses fonctions le 20 janvier, date à laquelle il remettra la présidence au président élu Biden.

Pour inverser la décision de Cuba, le nouveau ministre des Affaires étrangères de Biden devra lancer un processus formel et prouver que le régime de La Havane n’a pas été impliqué dans le terrorisme depuis six mois.

Hypocrisie

Cuba rejette complètement les allégations de soutien au terrorisme, soulignant qu’ils ont fait l’objet d’attaques et de complots américains répétés au fil des ans, et accusant Pompeo et Trump d’hypocrisie.

«Nous condamnons l’annonce par les États-Unis de la désignation hypocrite et cynique de Cuba comme État qui parraine le terrorisme», a tweeté le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez.

«Cuba est un État victime du terrorisme perpétré depuis des années par le gouvernement américain ou des individus et organisations agissant au nom des autorités américaines», a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère cubain des Affaires étrangères.