– Une blague.

C’est ainsi qu’un expert en énergie du groupe de réflexion bruxellois Bruegel a décrit la proposition de la Commission européenne pour un plafonnement des prix du gaz. La mesure annoncée de longue date et débattue, qui a été présentée mardi, vise, entre autres, à interdire l’achat de gaz au-dessus de 275 euros le mégawattheure. Mais c’est un niveau très élevé – plus du double du prix actuel. Et pour que le plafond soit activé, il faut que le prix soit au-dessus depuis deux semaines.

L’analyste Teodor Sveen-Nilsen de Sparebank 1 Markets fait partie de ceux qui qualifient tout cela de « non-problème ». Il souligne dans une note aux clients mardi soir que le plafond des prix n’aurait même pas été activé lors des records de prix spectaculaires de l’été.

« Même s’il devait être adopté, le plafond du prix du gaz est étonnamment élevé, et il n’aura guère d’effet », écrit-il.

– Le doigt dans la machinerie

Mais un autre expert qui suit de près les marchés du gaz, l’ancien analyste de la Société Générale Thierry Bros, met en garde contre le fait de croire que le plafonnement des prix n’aura de conséquences ni pour les exportateurs ni pour la sécurité d’approvisionnement de l’Europe.

– Cela a ouvert la porte à une intervention politique sur le marché. Je crois que c’est le début des autorités qui mettent le doigt dans la machinerie, dit-il à DN.

La proposition de la Commission européenne intervient après des mois de pression des États membres de l’UE pour proposer des mesures puissantes pour surmonter les prix élevés de l’énergie sur le continent, principalement en raison de la limitation des exportations de gaz par la Russie.

Il y a eu un grand désaccord sur la mesure du prix plafond en particulier, et il est clair que la commission était sceptique. Entre autres choses, on craint qu’un plafonnement des prix ne conduise l’Europe à obtenir moins de gaz, alors que le problème est qu’elle en reçoit déjà trop peu – le même argument que le producteur de gaz norvégien a utilisé pour mettre en garde contre un plafonnement des prix. Mais finalement, les États membres ont donné l’ordre de préparer quand même un tel mécanisme. Il sera maintenant discuté lors d’une réunion des ministres de l’énergie jeudi.

Le fait que le prix plafond proposé soit si élevé montre clairement que la Commission s’est trouvée dans une situation difficile et continue de croire qu’il s’agit d’une mesure problématique, déclare Bros, qui est maintenant professeur à Sciences Po à Paris.

– C’est une façon compliquée de dire « non » aux Etats membres, dit-il.

Mais les États membres peuvent toujours abaisser le plafond lorsqu’ils discutent de la mesure, ajoute Bros.

Les prix du gaz augmentent

Et sur le marché du gaz mercredi, il apparaît que l’on craint que le plafonnement des prix n’ait de réelles conséquences sur l’accès de l’Europe au gaz. Le contrat mensuel néerlandais, qui sert de référence sur l’ensemble du marché, a bondi dès le départ et a augmenté de près de 12 % à son apogée. Un peu après dix heures et demie, il est encore en hausse de dix pour cent à 131,5 euros le mégawattheure.

Dans une analyse citée par Bloomberg, Goldman Sachs écrit que le plafond des prix peut confondre les signaux de prix, c’est-à-dire dans ce cas l’effet des prix élevés sur l’offre et la demande dans un marché qui fonctionne. En outre, cela peut réduire la liquidité du marché, estiment les analystes.

« Le seul élément positif de cette proposition de plafonnement des prix est, à notre avis, qu’il est peu probable que le seuil élevé nécessaire pour l’activer soit atteint », indique la note. (Conditions)Copyright Dagens Næringsliv AS et/ou nos fournisseurs. Nous aimerions que vous partagiez nos cas en utilisant des liens, qui mènent directement à nos pages. La copie ou d’autres formes d’utilisation de tout ou partie du contenu ne peuvent avoir lieu qu’avec une autorisation écrite ou dans la mesure permise par la loi. Pour plus de termes voir ici.