Le propagandiste du Kremlin, Vladimir Solovyov, et l’analyste militaire russe de premier plan, Igor Korotchenko, ont proféré des menaces à l’encontre des diplomates norvégiens et européens lors d’apparitions séparées sur la télévision d’Etat cette semaine.
Un clip de Solovyov, un éminent animateur de télévision, a été partagé sur Twitter par Anton Gerashchenko, un conseiller du ministre ukrainien des Affaires intérieures. « Solovyev suggère d’envoyer tous les diplomates européens hors de Russie ’emballés dans un wagon scellé’ ou un ‘conteneur scellé' », a-t-il tweeté.
L’animateur de la télévision d’État, M. Solovyov, a commencé son discours enflammé en demandant à son public si la Russie a « une représentation quelconque de l’UE ».
« Une bande d’ordures ! Nous devrions tous les emballer dans un wagon scellé, pas dans un avion, mais dans un camion, les sceller et les faire sortir du pays dans un conteneur de 20 pieds », a déclaré Solovyov. « Je ne veux plus jamais entendre parler d’eux ! Pourquoi tolérons-nous ces ordures de nazis ? Quelqu’un a-t-il besoin d’expliquer quoi que ce soit ? Non. Il n’y a rien à expliquer. »
Quelques semaines seulement après que le président russe Vladimir Poutine a lancé une invasion à grande échelle de l’Ukraine le 24 février 2022, les membres de l’Union européenne ont expulsé des dizaines de diplomates russes.
Le Kremlin a déclaré que la décision d’expulser ses diplomates était une « décision à courte vue » qui ne ferait que compliquer la communication. En mai 2022, la Russie a répondu en annonçant l’expulsion de dizaines de diplomates européens dans un geste de « représailles ».
Dans un segment distinct de la télévision d’État sur le 60 Minutes l’analyste militaire Korotchenko s’en est pris à la Norvège, membre de l’alliance militaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Chaîne Twitter TheKremlinYap, qui partage des segments de la télévision d’État, a partagé le clip d’une minute des remarques de Korotchenko jeudi.
« Des provocations contre la Norvège, notamment au Svalbard, sont possibles si les Russes ont commencé à en parler », a tweeté la chaîne. « Mais Korotchenko oublie que la Norvège fait partie de l’OTAN. L’opération hybride contre la Norvège est toujours plus complexe que les opérations contre[t] les pays baltes. Elle est donc moins attrayante pour la Russie ».
« Maintenant, à propos de la Norvège », a commencé Korotchenko. « La Fédération de Russie a, à une époque, conclu avec ce pays un traité de délimitation des frontières maritimes très désavantageux pour nous. En particulier, nous avons transféré plusieurs zones de plateau et zones maritimes à la juridiction de la Norvège au détriment de nos intérêts nationaux. »
Korotchenko semblait faire référence à un accord de 2010 sur la délimitation de la frontière maritime, portant sur le tracé de la frontière arctique. Les ministres des affaires étrangères de la Norvège et de la Russie ont signé le 15 septembre 2010 un traité sur la délimitation maritime et la coopération dans la mer de Barents et l’océan Arctique.
Ce traité visait à mettre fin aux différends entre les deux nations dans la mer de Barents, la partie de l’océan Arctique qui jouxte les côtes nord de la Norvège et de la Russie.
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En juillet 2022, le président de la Douma d’État, Vyacheslav Volodin, a demandé à un législateur de haut rang d’explorer la possibilité de « dénoncer » l’accord. Les responsables avaient accusé la Norvège de bloquer les livraisons de nourriture destinées aux colonies peuplées de Russes sur l’archipel de Svalbard.
« Cela a été signé par le traité correspondant. Et qui nous empêche d’y entrer maintenant ? Les députés de la Douma d’État peuvent annoncer une initiative visant à dénoncer ledit accord. Le rompre, et revenir aux anciennes frontières maritimes de la délimitation du plateau avec la Norvège », a poursuivi Korotchenko.
« Et si la Norvège tente de s’y opposer, nous avons la flotte du Nord, qui est capable de protéger les intérêts économiques russes dans ladite région. Mais nous devons faire de la pédagogie ! Nous pouvons faire un bouleau public à la Norvège, au moins du point de vue de la privation de ces préférences économiques, que nous, je ne sais pas pourquoi, leur avons soudainement accordées. »
En 1949, la Norvège était le seul membre de l’OTAN à partager une frontière avec l’Union soviétique.
Newsweek a contacté le ministère norvégien des Affaires étrangères pour un commentaire.
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