La population norvégienne a continué à accepter positivement les réfugiés même après des mois d'arrivées élevées, souligne le chroniqueur.  Sur la photo : un garçon ukrainien sur un tracteur jouet au Centre national d'arrivée des réfugiés à Råde en mars 2022.

La population norvégienne a continué à accepter positivement les réfugiés même après des mois d’arrivées élevées, souligne le chroniqueur. Sur la photo : un garçon ukrainien sur un tracteur jouet au Centre national d’arrivée des réfugiés à Råde en mars 2022.

L’augmentation du nombre d’arrivées mettra à l’épreuve la capacité locale à s’installer – et peut-être aussi le soutien de la population.

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Ces dernières semaines, beaucoup plus de réfugiés ukrainiens sont arrivés en Norvège qu’auparavant. 60 000 personnes sont déjà arrivées et d’autres sont attendues.

Les portes ont été ouvertes pour un effort de règlement historique, et il existe un fort désir d’aider. Aujourd’hui, les premiers rapports font état de classes surpeuplées et de pénurie de logements.

Il s’agira d’un test record de la capacité et de la volonté de la Norvège d’accepter des réfugiés. Les autorités norvégiennes commencent tout juste à parler des défis à relever. Ici, je voudrais donner cinq contributions à cette conversation.

Le contexte est familier : les Ukrainiens constituent clairement le groupe de réfugiés le plus important venu en Norvège. Ils sont par exemple six fois plus nombreux que les 10 000 Syriens arrivés dans le pays en 2015. Toutes les municipalités du pays ont été sollicitées et de nombreux réfugiés sont installés dans des endroits qui n’acceptaient pas de réfugiés auparavant. Le soutien des politiciens locaux et de la population a été élevé. Les décideurs doivent gérer ce soutien avec sagesse.

1. Parlez ouvertement des opportunités et des défis

Cela signifie être ouvert sur les défis que représente l’accueil record de réfugiés. Les autorités et les chercheurs doivent communiquer clairement avec les municipalités, avec la population et avec les réfugiés eux-mêmes.

Jusqu’à présent, le règlement a été un succès, mais lorsque la pression sur les services publics augmente, il est extrêmement important de tenir la population informée. Il faudra alors discuter des mesures qui réussissent, des défis en matière de capacités et des projets futurs. Elle assurera la confiance et un ancrage de la politique dans la population si cela s’avère être le cas. Lors de la récolte de réfugiés de 2015, l’ambiance en Norvège est passée de l’accueil à la fermeture des frontières en une semaine.

2. Attendez que la capacité soit contestée

Ce qui est certain, c’est que le nombre élevé d’arrivées mettra à l’épreuve la capacité de la Norvège à accueillir les réfugiés. Cela s’applique aussi bien à la capacité d’accueil, c’est-à-dire disposer de suffisamment de bâtiments d’accueil et de personnes pour l’enregistrement et le traitement des dossiers, qu’à la capacité d’installation dans les communes.

Le premier peut être résolu grâce à la planification et aux subventions. C’est cette dernière qui peut être exigeante.

Dans les communes et les collectivités locales, le nombre de logements convenables sera limité, mais aussi les places dans les écoles et les jardins d’enfants. Nous pouvons également nous attendre à des pressions locales sur les services de santé.

Cela ne devrait surprendre personne. 60 000 nouveaux habitants doivent être marqués en un an et demi. Dans certains endroits, les arrivées entraîneront un ralentissement ou un arrêt des autorités locales. Ailleurs, il sera encore possible d’augmenter les capacités.

Si les Ukrainiens sont rapidement intégrés à l’éducation, à la vie professionnelle et à la vie quotidienne, leur contribution sera visible. Il est alors plus facile d’obtenir l’acceptation locale pour en accepter encore davantage.

3. La Norvège est une destination populaire

Dans les premiers mois qui ont suivi l’invasion à grande échelle de la Russie, moins de réfugiés ukrainiens sont arrivés en Norvège que prévu. La question était : pourquoi ne viennent-ils pas ici ?

Maintenant, cette image est inversée. La proportion de personnes choisissant la Norvège est en augmentation. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. Les Ukrainiens bénéficient de permis de séjour, de logement et de travail dans tous les pays de l’UE. Mais la Norvège fait partie d’une poignée de pays qui proposent un programme d’initiation et de langue complet ainsi que des programmes de soutien généralement bons.

4. Il existe un lien entre politique de défense et politique d’asile

Les réfugiés n’étaient pas une question importante lors de la campagne électorale de cette année. Les politiques semblaient silencieux. Cela est sans doute dû au fait qu’ils sont eux-mêmes favorables à l’accueil des Ukrainiens, mais cela peut aussi être dû au fait que les parties n’ont rien à gagner à critiquer ces arrivées.

Nos enquêtes d’attitude montrent que la population, lue par les électeurs, est restée positive quant à l’acceptation des réfugiés, même après des mois d’arrivées massives. Les médias rappellent les actes de guerre et les raisons pour lesquelles les Ukrainiens fuient. Les Norvégiens veulent aider.

Les réfugiés ukrainiens constituent un cas particulier en termes de politique d’asile. Peut-être que le soutien des hommes politiques et de la population concerne autant la politique de défense. La Norvège soutient l’Ukraine dans la guerre, il s’ensuit donc qu’elle accepte ceux qui fuient. La Norvège et l’UE sont d’accord sur ce point.

Critiquer cet accueil pourrait être perçu comme un affaiblissement de la solidarité avec l’Ukraine. Aucun parti au Storting ne le souhaite.

5. Quand la paix règnera en Ukraine, la Norvège devra être prête

Comment va se dérouler ce test de la capacité d’accueil norvégienne ?

La réponse dépendra bien entendu de la manière dont la guerre progressera. Il existe désormais de nombreuses indications selon lesquelles cette situation pourrait durer longtemps. Mais lorsque la paix reviendra, les autorités norvégiennes devront être prêtes.

  • Si la guerre est de relativement courte durée, les autorités norvégiennes peuvent soit accorder la résidence permanente aux réfugiés, soit inciter certains à revenir.
  • Si la guerre se prolonge, ce sera à chaque famille de décider de l’avenir. Les réfugiés voudront-ils retourner en Ukraine ? Elle est incertaine et dépend, entre autres choses, de l’ampleur des destructions dans le pays et du temps écoulé.

Jusqu’à présent, la plupart des femmes et des enfants sont arrivés d’Ukraine. Une fois la guerre terminée, certaines familles voudront se rassembler en Norvège.

Lorsque la paix reviendra, le soutien international à la reconstruction de l’Ukraine sera énorme. Dans ce contexte, il pourrait également y avoir une pression morale sur ceux qui ont quitté le pays : Vous devriez aider à reconstruire votre pays.

Dès le début, les autorités norvégiennes ont proposé aux Ukrainiens des formations et des cours de langue. Même à court terme, cela peut être de l’argent bien dépensé. Il permet une participation plus rapide dans les environnements locaux et une bonne entrée dans un travail et une éducation pertinents.

À long terme, si la guerre se prolonge et que de nombreux réfugiés restent en Norvège, cet investissement sera absolument crucial pour assurer une bonne intégration.

Conclusion

La Norvège bénéficie d’un grand soutien pour accueillir des réfugiés ukrainiens. Le plus important est le désir d’aider les personnes dans le besoin. En outre, la Norvège soutient activement l’Ukraine dans la guerre, et ce soutien implique d’accepter ceux qui fuient.

L’augmentation des arrivées mettra à l’épreuve à la fois la capacité locale à s’installer et peut-être aussi le soutien de la population. Si la Norvège veut réussir cette épreuve difficile, elle a besoin de décideurs réactifs, d’un débat public ouvert et d’une stratégie à long terme pour le groupe.